Kesler Bien-Aimé, né en 1964 à Port-au-Prince, a étudié la photographie au SED (Sant d’Enfòmasyon ak Dokimantasyon), puis il a continué à développer son art dans les rues. Il a une licence en Sociologie à la Faculté de sciences humaines de l’Université d’État d’Haïti et une maîtrise en Histoire, Mémoire et Patrimoine. Il a suivi un stage à l’université Laval (Québec) sur l’inventaire du patrimoine culturel immatériel ainsi que le cours ComViz : Communiquer par l’image en publicité et journalisme. Par ailleurs, il a été coordonnateur du Programme national d’inventaire du patrimoine culturel (pronipac) émanant du ministère de la Culture. Il est aussi professeur à l’université d’État d’Haïti et fondateur d'imaj-info, organe de presse en ligne qui rassemble des amateurs et professionnels de la photographie, et qui est spécialisé dans la constitution et la diffusion d’informations.
Sa caméra capte toujours ses sujets sous un angle social tout en recherchant le mouvement, même dans le statique. Le contacter directement
Aux départements du Nord, de l’Ouest et de l’Artibonite notamment, jonchent des restes de l’Empereur Jacques 1er. Certains d’entre eux sont immortalisés par des créateurs connus et inconnus du monde de l’art. Sans fanfare ni dernière prière, ses morceaux s’éparpillent dans l’oubli d’un trop récent complot qu’on rumine chaque 17 octobre.
Fils d’un loray kale, Dessalines Le Grand est un personnage pluridimensionnel et source d’inspiration combative inépuisable. Si jusqu’en 2008, la 202e année de son assassinat survenu le 17 octobre 1806 et la 204e année de l’Indépendance, l’histoire officielle tarde encore à fournir les éléments irréfutables sur les circonstances de sa naissance et de sa mort, qu’en est-il de ses restes?
La période de la Guerre de l’Indépendance n’a pas vu naître la photographie comme médium de communication qui se cherche entre la science, la technique, et l’art depuis son début. Or, c’est à travers ce support médiatique de plus en plus utilisé dans la production d’information, de sensibilisation et de l’art en particulier, que le photographe haïtien, Kesler Bien-Aimé, se propose aujourd’hui de rendre hommage au Général Empereur, Jean- Jacques Dessalines, sous un angle artistique, tout en soumettant les images reconstruites du personnage historique comme effet de lecture.
Entre…
les actes et les ennemis
la trahison et l’ignorance
la liberté réelle et la liberté superficielle
l’engagement et les sacrifices consentis
l’intérêt collectif et l’intérêt individuel
la liberté ou la mort…
Les morceaux de l’Empereur, 49 photos accompagnées de textes de Dessalines, veut mettre en lumière ce qu’il y a d’authentique en matière de patrimoine portant encore l’empreinte du refondateur de l’humanité.
Si, au cours des observations, on trouve que les traits physiques du personnage varient d’un artiste à l’autre, certains des symboles forts du pouvoir libérateur de l’époque sont par contre invariables dans leur verticalité tout en témoignant de la modernité haïtienne. Autre que le dessin, les moyens techniques de reproduction d’images faisaient défaut au début du xix siècle. Cependant, ce manquement est utile sur un plan créatif. Car, non seulement le nom de l’Empereur inspire, les oeuvres qui y découlent font corps avec l’imaginaire populaire qui se les approprie comme telles. Pour nous, le moindre geste de l’Empereur insinué par un artiste devient un construit pour la mémoire postérieure. Malgré la controverse dans l’interprétation des lois et actes enregistrés sur le gouvernement du personnage, parmi les pères de la Patrie, l’Empereur Jacques 1er symbolise celui qui fait encore peur par sa capacité à soulever la crainte chez ses ennemis et détracteurs, parce qu’il exige encore de ses admirateurs de l’engagement envers la Terre de la Liberté.
Pour apposer son regard sur le personnage, avec l’aide des travaux iconographiques de dessinateurs, de peintres, de sculpteurs, d’architectes, de designers et à partir des visites sur certains sites historiques, le photographe expose dans un mouvement de récupération médiatique et de questionnement ce qui reste de mémoire du Général Empereur Jacques 1er. Tout en respectant l’esprit du nouvel ordre mondial qu’incarnait l’Empereur, le projet de cet ouvrage, Les morceaux de l’Empereur, veut susciter l’intérêt chez chaque haïtien à fouiller, à débattre en silence avec lui-même l’idéal dessalinien. Ce projet trouve la matière esthétique à sa réalisation dans l’appréciation de différentes interventions plastiques relatant le génie militaire du personnage. Ainsi, se limite-t-elle discrètement aux vraisemblances des portraits retrouvés dans les travaux. Et, malgré l’efficacité des contre-révolutionnaires dans leurs poursuites réactionnaires,
la trahison n’efface pas encore
les traces des sabots de son cheval
sur les boulevards portant son nom
la trahison ne peut pas encore diluer
la vivacité de sa mémoire
dans l’histoire universelle
la trahison ne tue pas encore
la créativité artistique
dans la perpétuation
de sa carrière de liberté.
Préface de Les morceaux de l'empéreur Jacques 1er par l’auteur
Un livre pour collectionneurs mais aussi pour tous
grâce à son pouvoir
d’interpellation et du plaisir qu’il donne à le parcourir.
L’intervention plastique du photographe est purement récupératrice. Le montage du projet, dans son choix esthétique se déroule dans un double langage artistique « formaliste et structuraliste ». Les photos présentées ont été faites sans aménagement du cadre (setting), sans intervention du photographe dans la position des éléments photographiés. Elle consiste à parcourir les oeuvres exposées sur les places et bâtiments publiques, les quartiers populaires, les rues, l’ensemble des bâtisses (forts) et les sites abandonnés.
Illustrer, c’est bien évidemment dire a même chose autrement. Il s’agit de mettre en relief le sens en créant des objets virtuels qui établissent le lien sémantique entre le donné et l’observateur. Dans le cas de Les morceaux de l’empereur Jacques 1er, Mireia Porta Arnau, pour rester au plus près du choix de Kesler Bien-Aimé, utilise le matériau même du photographe. Elle a réalisé un travail plastique avec les phrases de l’Empereur et des « morceaux » des clichés pour contextualiser pour inventer ainsi un espace propre au sens de l’œuvre de Bien-Aimé. En fin de compte, elle crée un effet d’écho comme il se doit à toute parole forte en procédant de cette manière-ci à la répétition.
On aurait pu s’attendre, à partir du titre du livre à un éclatement, un éparpillement mais elle s’est inscrite à l’opposé de cette perspective et ainsi a conçu en parfaite complicité avec le photographe une dynamique de construction, c’est-à-dire la mise en échec de l’oubli.
Page 18 Proclamation de Jean-Jacques Dessalines, gouverneur général, aux habitants de la partie espagnole,
le 8 mai 1804, an Ier
Page 19, Port-au-Prince, Champ-de-Mars
Page 22 Constitution impériale d’Haïti, Du culte, Art. 51, le 20 mai 1805, an II
Page 23 Gonaïves, Zone Lakou Souvnans, Rara Gwo Motè
Page 32 Constitution impériale d’Haïti, Déclaration préliminaire, Art. 2, le 20 mai 1805, an II
Page 33 Marchand Dessalines, Bassin Culbuté
Page 46 Proclamation relative au massacre des Français, le 28 avril 1804, an Ier
Page 47 Machand Dessalines, Place publique
Page 50 Proclamation qui relate un acte des colons recommandant le général Rochambeau au premier consul,
le 1er avril 1804, an Ier
Page 51 Machand Dessalines, Fort Culbuté
Page 60 Proclamation du Général en Chef au peuple haïtien, le 1er janvier 1804, an Ier
Page 61 Gonaïves, Place des Armes